Les membres du consortium TOFoo sont Eurofins, coordinateur du projet et 9 autres partenaires : Atol Conseils et Développements, Bonduelle, Université de Nantes CEISAM et GEPEA, GRAB, Myriade, Thermo Fisher, UniLaSalle en coopération scientifique avec l’Université Laval (Québec).
Le Conseil de Filière qui accompagne le consortium est constitué à la fois d’industriels, d’organismes certificateurs et d’Associations de producteurs de la filière Bio. Marc Barré, membre de ce Conseil nous en dit davantage.
Marc Barré, vous êtes dirigeant de Biofournil, pourriez-vous nous dire quelques mots sur vous, votre parcours et vos convictions concernant la Bio ?
Mon parcours : J’ai 58 ans, une formation commerciale (ESSCA Angers) et j’ai fait toute ma carrière dans l’agro-alimentaire. D’abord dans les liquides, les arômes, la grande distribution puis j’ai rejoint le groupe Terrena dans la partie volaille pendant 15 ans, dont 4 ans chez Bodin. C’était il y a 16 ans, et j’y ai alors pris la direction générale. Bodin c’est une entreprise 100% bio, avec une usine d’aliments pour le bétail bio, un groupement d’éleveurs bio et un abattoir bio, le tout en 100% Bio. Suite à ça, je suis parti chez la minoterie Suire (activité bio des moulins associés appartenant à Bertrand Girardeau en Loire-Atlantique). J’étais dans la direction générale pendant un peu plus de 5 ans. Cela fait bientôt 6 ans que je suis chez Biofournil, boulangerie 100% bio depuis 43 ans basée au Puiset-Doré dans une commune du 49, limitrophe de la Loire-Atlantique. En résumé, ça fait 15 ans de direction, dont 15 ans en Bio.
Mes convictions concernant la bio : Comme dit mon père : « on fait bien ou on ne fait rien ! », donc on essaye de faire bien… Depuis le début, nous avons deux axes principaux pour renforcer l‘approvisionnement :
- en origine France, et on est en train d’y arriver globalement sur le marché,
- via des contrats pluriannuels.
J’ai construit les premiers contrats pluriannuels en nutrition animale, il y a maintenant 14 ans, avec des contrats sur 3 ans et 5 ans sur du maïs avec la CAVAC. J’étais très en pointe sur la construction des filières car on ne peut pas travailler sans matières premières. Et pour avoir des matières premières, il faut que les agriculteurs aient un horizon clair et dégagé pour pouvoir investir dans leurs pratiques, dans leurs matériels, dans leurs savoir-faire… C’est quelque chose qui me porte : comment travailler en filière avec l’amont et également avec l’aval (ce que j’essaye de développer avec mes clients). Parce que tout est lié, même s’il y a des points de friction à certains moments en termes de prix ou autre, nous sommes tous liés : de l’agriculteur jusqu’au distributeur et au consommateur.
Qu’attendez-vous du projet TOFoo ?
J’ai évoqué mon activité professionnelle. Je suis aussi engagé au niveau des interprofessions, parce que les entreprises que j’ai dirigées sont toutes membres du Synabio (Biofournil est adhérent n°6 du Synabio) et je suis aussi membre d’Intercéréales depuis 15 ans. Au Synabio, je suis élu au Conseil d’Administration. La Bio doit être défendue, elle doit voir loin. On doit essayer de peser sur le marché. On est petit, et le conventionnel est puissant et fort. Donc on a aussi besoin de démarches qui soient d’avant-garde pour sécuriser nos approvisionnements, la sincérité de nos engagements et de nos produits vis-à-vis du consommateur. La logique TOFoo qui est de dire « est-ce qu’on peut trouver d’autres moyens de vérifier la sincérité de la promesse Bio que les analyses de pesticides ? » me semble pertinente. C’est pour ça que, dès que le projet m’a été présenté, je me suis inscrit dans la démarche.
Quel est le rôle du Conseil de Filière ? Pourquoi l’avez-vous rejoint ?
TOFoo est porté par un consortium de scientifiques. Ils ont des compétences sur leur métier qui est l’analyse, mais leur connaissance des marchés agroalimentaires est, par nature, moindre. Que des gens fortement engagés en Bio et avec une expertise en Bio soient là pour les conseiller sur où trouver les échantillons, quoi analyser… ça me semble important. L’exemple le plus « rigolo » était sur la carte des blés qu’ils pensaient aller chercher en Bio. Faute de données Bio disponibles, ils étaient partis sur la carte du conventionnel. Mais les cartes du bio et du conventionnel en blé sont juste à l’opposé ! Le gros de la production en conventionnel est fait autour de Paris, au Nord, à l’Est et au Sud-Ouest, et ce sont des zones qui ne produisent quasiment aucun blé bio. Si on n’apporte pas cette vision, cette connaissance sur l’amont, ils font fausse route. Nous avons ce devoir de leur faire gagner du temps et de permettre d’avoir des résultats pertinents.
A ce stade assez amont du projet, que pensez-vous des premiers résultats obtenus ?
Je n’en pense encore rien, car il est trop tôt pour moi. Encore 6 mois et nous pourrons voir s’il y a des choses concluantes. Pour l’instant, je considère que les prémices sont intéressantes, mais les résultats ne sont pas encore suffisamment affinés et nombreux pour pouvoir en dire quelque chose.