Les produits Bio : vulnérables à la fraude ?
Des pratiques frauduleuses sont apparues au fil des années, et ce pour de nombreuses raisons.
En premier lieu, c’est l’un des segments les plus dynamiques du marché de l’agro-alimentaire en France et dans le monde entier, avec des taux de croissance de plus de 10 % par an depuis plusieurs années. La demande est structurellement plus grande que l’offre.
C’est également une filière dont les échanges s’internationalisent à l’échelle du globe. Ainsi, le recours aux importations représente près de 14% de la consommation totale de produits bio en France en 2017. Les chaînes logistiques se sont allongées, comme le témoigne la différence entre les principaux pays producteurs (Australie, Argentine et Chine) et les pays consommateurs (Etats-Unis, Allemagne et France). Il est donc plus facile de perdre la trace des lots de produits que lorsque les circuits sont plus courts.
Les référentiels réglementaires de l’agriculture biologique varient selon les pays, ce qui crée des distorsions de concurrence entre agriculteurs européens et non-européens et des failles utilisables pour écouler des produits qui ne suivent pas les mêmes règles de production que ceux produits en Europe.
Surtout, les gains potentiels en cas de fraude sont substantiels. Selon une étude réalisée par le journal de la grande distribution Linéaires, les produits bio sont vendus en moyenne plus chers de 64 % que les produits conventionnels. Un deuxième incitant financier s’ajoute sous la forme de subventions versées aux agriculteurs biologiques par les pouvoirs publics dans le cadre de la politique de développement rural de l’Union. Le paiement spécifique en leur faveur consiste en un soutien à l’hectare accordé tant par l’UE que par les États membres.
Une forte pression des consommateurs
De plus en plus nombreux, les consommateurs de la Bio émettent aussi de plus en plus de doutes quant au « vrai » caractère Bio des produits qu’ils achètent. D’après le Baromètre 2018 de l’Agence Bio, plus de 60% des consommateurs émettent des doutes sur l’authenticité des produits bio.
L’Agriculture Biologique, fondée à l’origine sur une obligation de moyens (pratiques mises en œuvre), va devoir convaincre les consommateurs que ce mode de fonctionnement leur garantit les bénéfices qu’ils escomptent en termes de nutrition, de santé et de protection de l’environnement.
Des moyens de contrôles trop limités
Enfin, les moyens actuels de contrôle possèdent des limites, que ce soit la traçabilité, la certification ou les analyses physico-chimiques. Ainsi, de meilleurs outils d’analyse capables de démontrer la conformité des aliments biologiques à leur cahier des charges pourraient être une solution pour réassurer les acteurs de la filière et les consommateurs.